La Mission des Nations-unies pour la stabilisation du Congo, Monusco , a encore du pain sur la planche. Trois Casques bleus indiens ont perdu la vie dans la nuit de mardi à mercredi dernier à Kirumba, province du Nord Kivu * Tout en déplorant l’incident, l’Américain Roger Meece, Représentant personnel de Ban - ki - Moon en République démocratique du Congo serait à l’heure d’une première épreuve de feu après sa prise de fonction en remplacement du britannique Alan Doss. * Dans cette perspective, le cauchemar que les Fdlr et les miliciens Maï-Maï infligent aux Congolais du Nord Kivu risque de déstabiliser le processus électoral dont le calendrier a été rendu public la semaine dernière.
Trois Casques bleus indiens de la Monusco tués dans une attaque par des hommes en armes. Tel est le bilan des affrontements qui ont eu lieu à Kirumba, province du Nord Kivu, aux petites heures du mercredi 18 août 2010. De source bien informée, il nous revient qu’en dépit desdits Casques bleus de la Mission onusienne en République démocratique du Congo tués, sept autres ont été blessés dans les mêmes circonstances à l’arme blanche dans leur camp à Kirumba.
Réaction de New Delhi
La question que les uns et les autres sont en droit de se poser présentement est celle de savoir qui est à la base de ce énième coup de force dans le Nord Kivu, cette partie de la République souvent en proie à l’instabilité. De prime abord, une soixantaine d’hommes, "probablement des miliciens (congolais) Maï-Maï", ont attaqué vers 1 heure 50 le contingent indien basé à Kirumba, localité située à environ 140 Km au Nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, a indiqué l’armée indienne dans un communiqué diffusé à New Delhi. Et comme pour justifier les circonstances dans lesquelles l’événement malheureux a eu lieu, le même communiqué renseigne que "Profitant de l’obscurité", cinq d’entre eux, vêtus en civil et "apparemment inoffensifs" se sont d’abord présentés à la garde pour "demander de l’aide". A la source d’ajouter : "Pendant qu’ils échangeaient avec le soldat de garde, un groupe d’environ 50 à 60 rebelles" a attaqué le poste de contrôle, tuant sur le champ trois soldats et blessant sept autres , au cours de cette agression qui a duré cinq minutes, a précisé l’armée indienne.
La 8ème région militaire étonnée
Le commandant de la 8ème région militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le Général Vainqueur Mayala, a indiqué quant à lui, que les assaillants "ont utilisé des couteaux et des machettes" pendant leur incursion dans le camp onusien. Cependant, il dit n’avoir "aucune idée" du mobile.
"La Monusco est quand même une institution, ces gens-là (les Casques bleus) montent une garde rigoureuse, alors je ne vois pas comment les agresseurs sont entrés avec des poignards", a martelé le général Mayala. Et de poursuivre, "Il y a une équipe qui est allée sur place pour s’enquérir de la situation et avoir beaucoup plus d’information". Quelles sont alors les vraies circonstances et les mobiles qui ont milité en faveur de ce grain de sable dans l’œil de la Mission chargée de la stabilisation de notre pays ? D’après le chef de la cité de Kirumba, Egide Karafifi cité par une dépêche, les agresseurs, au nombre de 25, portaient également des coiffes en raphia sur la tête et "chantaient des chants Maï-Maï ". Rien de plus. Ce qui rend l’affaire complexe et exige les précisions des autorités de la Mission onusienne éprouvée.
D’autre part, selon le récit livré par général Philippe Beni, un premier groupe de cinq à six personnes au comportement " extrêmement pacifique ", s’est approché de la base de la Monusco à Kirumba. Comme il est d’usage pour les personnes qui souhaitent être reçues à la base, les sentinelles ont appelé un interprète. C’est en ce moment que les visiteurs ont violemment attaqué les Casques bleus par surprise. Une résistance s’est aussitôt formée du côté des Casques bleus pour réagir à cette attaque. Au même moment, une cinquantaine d’autres agresseurs camouflés dans la végétation ont rejoint le premier groupe d’agresseurs. Un combat au corps à corps s’en est suivi pendant cinq à six minutes. Les agresseurs auraient pris fuite lorsque d’autres casques bleus sont venus à la rescousse de leurs frères d’armes. Solidarité oblige, bien qu’un peu tard.
Une perte très triste
Le patron de la Monusco, le diplomate américain Roger Meece, a aussitôt déploré la "perte très triste" des trois soldats indiens, affirmant que la mission continuerait ses efforts "contre les menaces des groupes armés". "Je ne peux que répéter le choc que j’ai ressenti, la tristesse pour la perte de nos soldats. Malheureusement, je peux vous rappeler que ce n’est pas la première fois que nous perdons des soldats de la paix de la Monusco", a déclaré Roger Meece, au cours de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de l’organisation à Kinshasa. Une conférence animée chaque mercredi en milieu de journée. Mis devant ses responsabilités, Roger Meece se veut déterminer. "Nous allons continuer nos efforts, j’ai toute confiance dans nos personnels, ce sont des soldats professionnels, c’est une perte très triste, mais je vous assure que nous allons continuer nos efforts contre les menaces posées par les différents groupes armés, y compris le groupe qui a fait cette attaque ce matin", a-t-il ajouté, sans trop préciser la nature du groupe dont question.
Qui a bu boira
En fin mai dernier, dans cette même région de l’Est de la République, un Casque bleu indien avait été tué par balle par des présumés rebelles FDLR (hutus rwandais présents en RDC depuis le génocide de 1994), qui venaient d’attaquer des soldats congolais sur une route traversant le Parc national des Virunga, à environ 80 km au nord de Goma. Certains analystes pensent que si mort d’hommes a été enregistrée environ trois mois après, c’est que les Fdlr n’ont pas encore dit leur dernier mot et que la question de cette menace permanente devrait être remise sur table. D’autres par contre pointent d’un doigt accusateur les anciens supplétifs des Forces armées congolaises, qui les traquent actuellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit des ’’insatiables Maï-Maï ’’ dont les croyances reposent essentiellement sur la magie et le sang.
Pour témoignage, ceux qui les ont fréquentés déclarent qu’ils boivent et s’aspergent un breuvage mystique avant les combats pour se "protéger" des balles. Pourtant, l’Est de la RDC est instable depuis plus d’une décennie en raison de la présence de groupes armés qui y commettent régulièrement pillages, viols et assassinats. La nouvelle vocation de la Mission onusienne mettant un accent particulier sur la stabilisation aurait ici sa justification.
Ce qu’il faut attendre de la Monusco
Jusques à quand cette question de stabilité sera -telle évoquée ? Avec un effectif de près de 18.000 hommes, la Monusco est la plus importante mission de l’ONU dans le monde. Mais, cette noble mission n’a pas d’autre choix que d’affuter ses armes. Mais les agresseurs n’ont pas encore dit leur dernier mot. Roger Meece, après que le commandant de la Force de la Monusco, le général Prakash se soit rendu sur place mercredi pour examiner la situation, devra tirer les conséquences et viser la stabilisation complète de ses éléments, et de la République. Ce qui vaut son pesant d’or.
D’après le Général Beni, les détachements de la Monusco ont été informés de cette attaque (si pas d’autres encore), et prennent des mesures de sécurité et de vigilance appropriées. Le nombre des Casques bleus disparus sur le sol congolais ne fait que s’alourdir. Il est porté actuellement à trente quatre qui ont péri au cours des opérations durant près de dix ans de la Mission de l’ONU en RDC, généralement dans sa partie Est. C’en est trop, au risque de compromettre les élections à venir.
Emmanuel Badibanga
Trois Casques bleus indiens de la Monusco tués dans une attaque par des hommes en armes. Tel est le bilan des affrontements qui ont eu lieu à Kirumba, province du Nord Kivu, aux petites heures du mercredi 18 août 2010. De source bien informée, il nous revient qu’en dépit desdits Casques bleus de la Mission onusienne en République démocratique du Congo tués, sept autres ont été blessés dans les mêmes circonstances à l’arme blanche dans leur camp à Kirumba.
Réaction de New Delhi
La question que les uns et les autres sont en droit de se poser présentement est celle de savoir qui est à la base de ce énième coup de force dans le Nord Kivu, cette partie de la République souvent en proie à l’instabilité. De prime abord, une soixantaine d’hommes, "probablement des miliciens (congolais) Maï-Maï", ont attaqué vers 1 heure 50 le contingent indien basé à Kirumba, localité située à environ 140 Km au Nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, a indiqué l’armée indienne dans un communiqué diffusé à New Delhi. Et comme pour justifier les circonstances dans lesquelles l’événement malheureux a eu lieu, le même communiqué renseigne que "Profitant de l’obscurité", cinq d’entre eux, vêtus en civil et "apparemment inoffensifs" se sont d’abord présentés à la garde pour "demander de l’aide". A la source d’ajouter : "Pendant qu’ils échangeaient avec le soldat de garde, un groupe d’environ 50 à 60 rebelles" a attaqué le poste de contrôle, tuant sur le champ trois soldats et blessant sept autres , au cours de cette agression qui a duré cinq minutes, a précisé l’armée indienne.
La 8ème région militaire étonnée
Le commandant de la 8ème région militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le Général Vainqueur Mayala, a indiqué quant à lui, que les assaillants "ont utilisé des couteaux et des machettes" pendant leur incursion dans le camp onusien. Cependant, il dit n’avoir "aucune idée" du mobile.
"La Monusco est quand même une institution, ces gens-là (les Casques bleus) montent une garde rigoureuse, alors je ne vois pas comment les agresseurs sont entrés avec des poignards", a martelé le général Mayala. Et de poursuivre, "Il y a une équipe qui est allée sur place pour s’enquérir de la situation et avoir beaucoup plus d’information". Quelles sont alors les vraies circonstances et les mobiles qui ont milité en faveur de ce grain de sable dans l’œil de la Mission chargée de la stabilisation de notre pays ? D’après le chef de la cité de Kirumba, Egide Karafifi cité par une dépêche, les agresseurs, au nombre de 25, portaient également des coiffes en raphia sur la tête et "chantaient des chants Maï-Maï ". Rien de plus. Ce qui rend l’affaire complexe et exige les précisions des autorités de la Mission onusienne éprouvée.
D’autre part, selon le récit livré par général Philippe Beni, un premier groupe de cinq à six personnes au comportement " extrêmement pacifique ", s’est approché de la base de la Monusco à Kirumba. Comme il est d’usage pour les personnes qui souhaitent être reçues à la base, les sentinelles ont appelé un interprète. C’est en ce moment que les visiteurs ont violemment attaqué les Casques bleus par surprise. Une résistance s’est aussitôt formée du côté des Casques bleus pour réagir à cette attaque. Au même moment, une cinquantaine d’autres agresseurs camouflés dans la végétation ont rejoint le premier groupe d’agresseurs. Un combat au corps à corps s’en est suivi pendant cinq à six minutes. Les agresseurs auraient pris fuite lorsque d’autres casques bleus sont venus à la rescousse de leurs frères d’armes. Solidarité oblige, bien qu’un peu tard.
Une perte très triste
Le patron de la Monusco, le diplomate américain Roger Meece, a aussitôt déploré la "perte très triste" des trois soldats indiens, affirmant que la mission continuerait ses efforts "contre les menaces des groupes armés". "Je ne peux que répéter le choc que j’ai ressenti, la tristesse pour la perte de nos soldats. Malheureusement, je peux vous rappeler que ce n’est pas la première fois que nous perdons des soldats de la paix de la Monusco", a déclaré Roger Meece, au cours de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de l’organisation à Kinshasa. Une conférence animée chaque mercredi en milieu de journée. Mis devant ses responsabilités, Roger Meece se veut déterminer. "Nous allons continuer nos efforts, j’ai toute confiance dans nos personnels, ce sont des soldats professionnels, c’est une perte très triste, mais je vous assure que nous allons continuer nos efforts contre les menaces posées par les différents groupes armés, y compris le groupe qui a fait cette attaque ce matin", a-t-il ajouté, sans trop préciser la nature du groupe dont question.
Qui a bu boira
En fin mai dernier, dans cette même région de l’Est de la République, un Casque bleu indien avait été tué par balle par des présumés rebelles FDLR (hutus rwandais présents en RDC depuis le génocide de 1994), qui venaient d’attaquer des soldats congolais sur une route traversant le Parc national des Virunga, à environ 80 km au nord de Goma. Certains analystes pensent que si mort d’hommes a été enregistrée environ trois mois après, c’est que les Fdlr n’ont pas encore dit leur dernier mot et que la question de cette menace permanente devrait être remise sur table. D’autres par contre pointent d’un doigt accusateur les anciens supplétifs des Forces armées congolaises, qui les traquent actuellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit des ’’insatiables Maï-Maï ’’ dont les croyances reposent essentiellement sur la magie et le sang.
Pour témoignage, ceux qui les ont fréquentés déclarent qu’ils boivent et s’aspergent un breuvage mystique avant les combats pour se "protéger" des balles. Pourtant, l’Est de la RDC est instable depuis plus d’une décennie en raison de la présence de groupes armés qui y commettent régulièrement pillages, viols et assassinats. La nouvelle vocation de la Mission onusienne mettant un accent particulier sur la stabilisation aurait ici sa justification.
Ce qu’il faut attendre de la Monusco
Jusques à quand cette question de stabilité sera -telle évoquée ? Avec un effectif de près de 18.000 hommes, la Monusco est la plus importante mission de l’ONU dans le monde. Mais, cette noble mission n’a pas d’autre choix que d’affuter ses armes. Mais les agresseurs n’ont pas encore dit leur dernier mot. Roger Meece, après que le commandant de la Force de la Monusco, le général Prakash se soit rendu sur place mercredi pour examiner la situation, devra tirer les conséquences et viser la stabilisation complète de ses éléments, et de la République. Ce qui vaut son pesant d’or.
D’après le Général Beni, les détachements de la Monusco ont été informés de cette attaque (si pas d’autres encore), et prennent des mesures de sécurité et de vigilance appropriées. Le nombre des Casques bleus disparus sur le sol congolais ne fait que s’alourdir. Il est porté actuellement à trente quatre qui ont péri au cours des opérations durant près de dix ans de la Mission de l’ONU en RDC, généralement dans sa partie Est. C’en est trop, au risque de compromettre les élections à venir.
Emmanuel Badibanga
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