À l'est de la RD Congo, de plus en plus de ménagères des environs de Bukavu s'approvisionnent en nourriture au Rwanda voisin où elle est moins chère. Tout près de la frontière, des commerçants de ce pays ont installé des dépôts. Le développement de ces échanges fait tomber quelques préjugés.
Samedi, 17 heures. Dans une heure, la frontière sera fermée. Au poste frontalier de Ruzizi 1er, sur le pont qui sépare la RD Congo et le Rwanda, des centaines de femmes portant des sacs à la main et des fardeaux sur leurs dos, se dépêchent de traverser. Certaines Bukaviennes, de retour du marché au Rwanda, sont accompagnées d'enfants qui, eux aussi, tiennent de petits colis. Ces derniers mois, ces ménagères traversent tous les jours la frontière pour acheter chez le voisin haricots, farine de maïs, bananes, légumes et viande. Il y a quelques années, seules quelques familles nanties allaient faire leurs courses au Rwanda. Les commerçants s'y approvisionnaient aussi et revendaient les marchandises en RD Congo. Ils continuent aujourd'hui, mais presque tous ravitaillent désormais des quartiers plus éloignés de la frontière.
Plusieurs familles qui vivent dans la commune d'Ibanda à Bukavu, à moins de 2 km du Rwanda, préfèrent en effet désormais aller faire elles-mêmes leurs achats. "Avant, je me ravitaillais dans les dépôts des commerçants. Aujourd'hui, j'achète ce dont j'ai besoin et je fais des économies", explique une femme, pressée, de retour du Rwanda. "On ne peut aller dans les dépôts que quand on a assez d'argent pour acheter plusieurs kilos", lance une autre, accompagnée d'un petit garçon. Les commerçants fixent souvent à 5 kilos de haricot ou de farine la quantité minimum à acheter.
Actuellement, de nombreuses familles font leurs courses chez le voisin et achètent par petites quantités pour le repas du soir. Elles ramènent des produits qui sont devenus rares et/ou coûtent plus cher au détail à Bukavu. Les frais supplémentaires de passage et de transport (au total 600 FC, environ 0,6 $) sont, selon elles, amortis, même pour de modestes achats.
Besoins importants
Bukavu compte de plus en plus d'habitants – 600 000 environ en 2008 selon l'Institut national des statistiques, presque trois fois plus que dans les années 1980 – qu'elle parvient difficilement à nourrir. A la suite des guerres à répétition et de l'insécurité dans la région, des villages qui fournissaient la ville en produits agricoles se sont en effet vidés. Par ailleurs, la capitale du Sud-Kivu a peu d'espaces à cultiver. Nécessité oblige, quelques habitants se sont remis à l'agriculture, mais ils ne produisent que pour leurs familles.
De l’autre côté de la frontière, les commerçants rwandais ont compris que les besoins de leurs voisins étaient importants. Depuis quelques années, ils ont installé des dépôts juste après le pont. Auparavant, les acheteurs devaient se rendre au marché de Kamembe, à environ 5 km de là. "Je vendais au marché, mais je me suis installé ici à la frontière, car il y a beaucoup de gens qui arrivent de Bukavu. Mes affaires marchent très bien", se félicite Jean de Dieu, un revendeur rwandais. De nombreux villages entourent Kamembe, une ville d'environ 80 000 habitants. Des paysans des environs arrivent donc à la frontière avec à la main poules, œufs ou régimes des bananes qu'ils revendent aux Congolais à un prix abordable.
Le commerce rapproche les hommes
De plus en plus de Congolais franchissent, pour différentes raisons, chaque jour la frontière. Fin 2009, selon un agent de l’Office des douanes et accises, ils étaient 2 000. "Samedi dernier, j'en ai compté plus de 4 000. Comme ce sont les vacances, l'engouement est important. Cela fait dix ans que je fais ce travail et, ces derniers mois, j'ai remarqué une augmentation", observe un douanier.
Ceux qui traversent disent ne pas tenir compte des préjugés qui existaient depuis les tensions politiques entre les deux pays. "Au début, j'avais un peu peur. Je ne sais pas pourquoi. Mais, un jour, j'ai accompagné une voisine et ça s'est bien passé. J'ai réalisé que la politique ne me regardait pas. Depuis, j'y vais seule trois fois par semaine", confie une habitante de Nguba, le premier quartier de Bukavu après le pont. "J'ai des clients qui viennent de RD Congo et qui me connaissent. Ma seule préoccupation, c'est d’écouler mon stock. Je suis un simple paysan. Je ne vois pas en quoi les tensions politiques me concernent", précise de son côté Jean de Dieu en souriant.
L'ouverture 24 heures sur 24, appliquée à la frontière entre le Rwanda et Goma et qui pourrait également entrer en vigueur à Bukavu avant la fin de cette année d'après des sources douanières congolaises, devrait permettre de développer encore les échanges.
Samedi, 17 heures. Dans une heure, la frontière sera fermée. Au poste frontalier de Ruzizi 1er, sur le pont qui sépare la RD Congo et le Rwanda, des centaines de femmes portant des sacs à la main et des fardeaux sur leurs dos, se dépêchent de traverser. Certaines Bukaviennes, de retour du marché au Rwanda, sont accompagnées d'enfants qui, eux aussi, tiennent de petits colis. Ces derniers mois, ces ménagères traversent tous les jours la frontière pour acheter chez le voisin haricots, farine de maïs, bananes, légumes et viande. Il y a quelques années, seules quelques familles nanties allaient faire leurs courses au Rwanda. Les commerçants s'y approvisionnaient aussi et revendaient les marchandises en RD Congo. Ils continuent aujourd'hui, mais presque tous ravitaillent désormais des quartiers plus éloignés de la frontière.
Plusieurs familles qui vivent dans la commune d'Ibanda à Bukavu, à moins de 2 km du Rwanda, préfèrent en effet désormais aller faire elles-mêmes leurs achats. "Avant, je me ravitaillais dans les dépôts des commerçants. Aujourd'hui, j'achète ce dont j'ai besoin et je fais des économies", explique une femme, pressée, de retour du Rwanda. "On ne peut aller dans les dépôts que quand on a assez d'argent pour acheter plusieurs kilos", lance une autre, accompagnée d'un petit garçon. Les commerçants fixent souvent à 5 kilos de haricot ou de farine la quantité minimum à acheter.
Actuellement, de nombreuses familles font leurs courses chez le voisin et achètent par petites quantités pour le repas du soir. Elles ramènent des produits qui sont devenus rares et/ou coûtent plus cher au détail à Bukavu. Les frais supplémentaires de passage et de transport (au total 600 FC, environ 0,6 $) sont, selon elles, amortis, même pour de modestes achats.
Besoins importants
Bukavu compte de plus en plus d'habitants – 600 000 environ en 2008 selon l'Institut national des statistiques, presque trois fois plus que dans les années 1980 – qu'elle parvient difficilement à nourrir. A la suite des guerres à répétition et de l'insécurité dans la région, des villages qui fournissaient la ville en produits agricoles se sont en effet vidés. Par ailleurs, la capitale du Sud-Kivu a peu d'espaces à cultiver. Nécessité oblige, quelques habitants se sont remis à l'agriculture, mais ils ne produisent que pour leurs familles.
De l’autre côté de la frontière, les commerçants rwandais ont compris que les besoins de leurs voisins étaient importants. Depuis quelques années, ils ont installé des dépôts juste après le pont. Auparavant, les acheteurs devaient se rendre au marché de Kamembe, à environ 5 km de là. "Je vendais au marché, mais je me suis installé ici à la frontière, car il y a beaucoup de gens qui arrivent de Bukavu. Mes affaires marchent très bien", se félicite Jean de Dieu, un revendeur rwandais. De nombreux villages entourent Kamembe, une ville d'environ 80 000 habitants. Des paysans des environs arrivent donc à la frontière avec à la main poules, œufs ou régimes des bananes qu'ils revendent aux Congolais à un prix abordable.
Le commerce rapproche les hommes
De plus en plus de Congolais franchissent, pour différentes raisons, chaque jour la frontière. Fin 2009, selon un agent de l’Office des douanes et accises, ils étaient 2 000. "Samedi dernier, j'en ai compté plus de 4 000. Comme ce sont les vacances, l'engouement est important. Cela fait dix ans que je fais ce travail et, ces derniers mois, j'ai remarqué une augmentation", observe un douanier.
Ceux qui traversent disent ne pas tenir compte des préjugés qui existaient depuis les tensions politiques entre les deux pays. "Au début, j'avais un peu peur. Je ne sais pas pourquoi. Mais, un jour, j'ai accompagné une voisine et ça s'est bien passé. J'ai réalisé que la politique ne me regardait pas. Depuis, j'y vais seule trois fois par semaine", confie une habitante de Nguba, le premier quartier de Bukavu après le pont. "J'ai des clients qui viennent de RD Congo et qui me connaissent. Ma seule préoccupation, c'est d’écouler mon stock. Je suis un simple paysan. Je ne vois pas en quoi les tensions politiques me concernent", précise de son côté Jean de Dieu en souriant.
L'ouverture 24 heures sur 24, appliquée à la frontière entre le Rwanda et Goma et qui pourrait également entrer en vigueur à Bukavu avant la fin de cette année d'après des sources douanières congolaises, devrait permettre de développer encore les échanges.
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